
La sous-traitance est à la dérive et nous en sommes responsables. Réagissons avant d’en supporter de lourdes conséquences.
Pourquoi l’entreprise du bâtiment qui sous-traite est perdante ?
La sous-traitance doit essentiellement servir à pallier un surcroît de charge de travail ou à faire appel à une compétence particulière.
Or, elle est trop souvent utilisée comme la solution pour tenter de sauvegarder sa marge après avoir offert un prix trop bas à son client. Cette approche répétée conduit tout droit à de graves difficultés.
Le seul moyen de ne pas tomber dans le piège est de développer une relation de confiance très en amont avec le client qui reconnaîtra aussi votre force de proposition, votre qualité produite, votre respect des règles de sécurité et votre disponibilité en service.
Si votre valeur ajoutée n’est pas reconnue, il faut aussi savoir dire non. Vous construisez ainsi en permanence votre édifice sur des bases saines.
Pourquoi le sous-traitant est perdant ?
Le danger du sous-traitant reste la dépendance à son client qui peut parfois la rechercher pour exercer un contrôle. Il est alors trop tard pour le sous-traitant qui n’est plus maître de son prix.
En général, le sous-traitant fourni exclusivement de la main d’œuvre, qui est la première à pâtir de ce système. Les collaborateurs sont alors sous forte pression avec des horaires de travail extensibles, des conditions de travail dangereuses et sans avenir.
Sans réelle marge de manœuvre et subissant un risque incontrôlé, le sous-traitant est condamné à disparaître.
Le sous-traitant est une entreprise à part entière. Il doit avoir un éventail de clients pour ne pas être dépendant. Il doit surtout avoir une valeur ajoutée, la principale étant une compétence reconnue. Il sera alors correctement rémunéré, pour son bien et celui de ses collaborateurs.
Etre sous-traitant c’est aussi un choix, il faut savoir maîtriser ses ambitions pour durer.
Pourquoi le client final est perdant ?
Le client final doit faire face aux conséquences de cette chaîne mal maîtrisée et à sa conscience.
Il risque de devoir vivre avec une installation au rabais parce qu’il n’y aura pas mis le prix. Certes, il ne reconduira pas son fournisseur, parfois après une procédure juridique coûteuse, mais le mal sera fait.
Le prix exigé par le client final induira aussi le niveau du sous-traitant. Le taux horaire d’un sous-traitant employant une main d’œuvre de France déclarée est d’environ le double de celle venant d’Europe centrale, actuellement à 15€HT de l’heure seulement !
Pour mémoire le SMIC (en général pour un débutant) est de 9,53€ de l’heure, d’environ 16€ avec les charges sociales, de 17,50€ avec les primes légales (panier,…) et d’au moins 20€ quand on y intègre un minimum d’outillage et de formation obligatoire (habilitations,…). Il faut ensuite y inclure d’autres frais comme un local, un véhicule et un encadrement pour dépasser les 25€. Le calcul est bien sûr complété par une marge. Encore une fois, il s’agit d’un débutant et pas d’un ouvrier qualifié.
Faîtes bien les comptes et prenez conscience de votre impact.
Les clients qui réussissent le mieux ont bien compris et restent fidèles à des partenaires, soigneusement sélectionnés et soutenus.
En conclusion, seules les entreprises avec une vision dans la durée et qui investissent continuellement fidéliseront leurs clients tout en restant profitables.
Il faut respecter les hommes, surtout les ouvriers qui interviennent sur les chantiers, et leur assurer des conditions de travail et de rémunération dignes.
Enfin, Il faut retenir le « coût du cycle de vie » en investissant dans des installations efficaces dans la durée.
Commentaires
Michel, ton argumentation sur la somme des perdants dans le recours à la sous-traitance comme rattrapage d'un prix au rabais est bien vu et j'y souscris complètement.A bientôt de se voir au Club éco-construire, ou à Seinergy Lab,bien amicalement,Laurent Vincent